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Fall

27 mai 2009

9 - Over dose

L'aventure devait être finie, mais visiblement, le destin en a décidé autrement.

Il y a toujours les rechutes. Celles qui vous prennent au depourvu... Vous savez qu'il ne faut pas, mais vous le faites quand même. C'est tellement simple, tellement de "soulagement" ephemères mais satisfaisant possible...

Une shooteuse plantée dont on ne se rendrait presque pas compte... Un soulagement, court, beaucoup trop court... Le malaise commence... Il fait chaud et froid... La douleur incessante monte dans la poitrine... Qu'est-ce donc? Ah oui... cet organe existe encore... Et la, on se rends compte qu'il y a un soucis... Des augmentations et diminution de luminosité bien trop importantes... Des flashs blancs, puis des noirs... L'incapacité totale de bouger... Peut importe le mouvement demandé, plus rien ne reponds... Les battements se font de plus en plus douloureux... Les yeux, se ferment, taisant cette vision floue et ondulatoire qui devenait oppressante, et laissant place a un flash noir oppressant... Il faudrait les rouvrir, appeller a l'aide, mais ce n'est plus possible. Rien n'est possible... Il est trop tard.

Et c'est la qu'on laisse un vide derrière soit, sans s'en rendre compte, on disparait. L'absence? on n'y avait pas pensé... Non, ca ne devait pas arriver... Apres tout, ca ne devait pas se passer comme ca! Prendre une bonne defonce, se soulager, et une fois passée, se rappeller... Se rappeller que c'etait fini tout ca, et que ce faux pas ne recommencerais plus... Mais non... On finit, la, sur un lit d'hopital, inerte, amorphe, inconscient. Deja ailleurs... Loin de toute la souffrance qui baigne dans la chambre... Loin de l'agitation, des pleurs, de la peur... S'en veux t on? J'en sais rien... Mais j'aimerais, je l'espère... J'aimerais qu'on culpabilise de la souffrance qu'on insuffle, du manque qui pèse deja, de la peur qui grandit. Et qui finalement, est justifiée...

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18 janvier 2009

8 - Crisis

Les jours passent, et mine de rien, je me rends compte de mon erreur. Je réduis, sans pour autant arrêter, des conso' qui me paraissent de plus en plus dangereuse. Je les vois, tous autant qu'ils sont, se marquer petit à petit par les drogues. Les traits de leurs visages, leurs manies, leurs comportements, leurs habitudes de vie... Petit à petit ils se junkifient... Les uns après les autres, ils lâchent leurs boulots, leurs études... Les uns après les autres, ils jouent avec leurs vies... Les uns après les autres, ils vont à l'hosto...

Mais, les uns après les autres, ils finissent par ouvrir les yeux. Pour certains, il est déjà trop tard. Ils ne se souviennent plus qu'on peut vivre sans. Sans toute cette merde pour nous abrutir, nous faire vivre un rêve qui n'est pas une réalité! Combien? Combien sont restés coincés devant la porte du cim', a savoir qu'ils allaient y rentrer, y faire une connerie, et hesiter. J'en fais partie!

J'ai fait une promesse: Ne plus entrer, ne plus consommer. Mais les crises de manques sont trop fortes. Seuls ceux qui les ont vécus peuvent savoir de quoi je parle. Vous savez, ces crampes d'estomac incéssantes, ces tremblements à n'en plus finir, et à vous empêcher de rouler ne serait-ce qu'un pauvre petit bédo, cette paranoia et ces crises d'hystérie envers quiconque pouvant être considérés du camp adverse (et Dieu sait que dans cette situation, TOUT LE MONDE est du camp adverse), cette seule et unique envie, qui anéhantie toute autre pensée possible: La conso.

Tous ces symptômes,
incontrôlable,
douloureux,
que l'on fait subir a tout ceux qui nous entourent.

A tous ceux qui veulent nous aider.
A tous ceux qui ne veulent pas nous voir au plus mal.
A tous ceux qui nous soutiennent.
A tous ceux qui savent, ou essaient de comprendre.
A tous ceux que la vie a mis sur notre chemin.
A tous ceux à qui chacuns des mots écrits ici s'adressent.

Merci.




Mais comme Il m'a dit:
De cette merde, on ne peut en sortir QUE seul.

11 décembre 2008

7 - Starting a new era.

Comme partout, comme pour tout, les choses doivent changer. Je peux pas rester vivre au cim', c'est bêtes a dire, mais, malgrè tout, mes parents me manquent. Je me réconcilie avec eux, et je rentre a la maison. Toujours aussi simple? Visiblement oui: "Vous aviez raison, j'aurais du vous croire" et l'affaire est dans le sac.

 

Les jours passent, j'vis la journée et les week end au cim', et les soirs chez les parents. Je continue ma defonce, sans qu'il ne s'en doute. Les mois passent. La fin de l'année scolaire arrive. Puis j'entre a la fac'. Je reste en contact avec le cim'. Tout les week end, defonce de malade. A moi les taquets! Toute la semaine: juste alcool, cocaine une fois de temps en temps, bedo a s'en remplir les poumons, un p'tit carton de LSD parfois, et des p'tits cachetons par ci par la...

 

Le telephone sonne souvent: "T'fais quoi?" Euh... J'ai exam' demain... C'est pour ca que j'revise non? Arf... Disons que non! "J'fais rien, j'arrive!" Et voila comment j'finis par ne plus aller en cours, voila comment j'finis par etre en soirée trois soirs sur cinq minimum.

 

Les mois passent... J'deviens LA nana qu'on retrouve a toute les soirées... Les seules fois ou on me voit a la fac', c'est qu'il y a quelques choses a y faire: Reunion des faluchards, barbecue, jouage de guitare, fumage a gogo avec les collègues. Plus d'une fois, ca "derape". Plus d'une fois, ma bouche (et pas que) est remplie de TOUT ce qui passe.

 

Les vacances chez les parents? Duuuuure! J'peux pas sortir toute la semaine de vacances au cim'... J'peux pas ne pas me defoncer. Il le faut! J'ai besoin des soirées, j'ai besoin des conso', j'ai besoin d'etre au milieu de toutes ces personnes, parfois (souvent) inconnues. Besoin de tenter le pire avec chaque chose qui peut y passer. J'pete des cables... Et encore, c'est que le debut.

13 novembre 2008

6 - The Dependance Way

Avant d’aller plus loin, un petit récapitulatif des drogues consommées à l’époque serait le bienvenue. La clope ? Oui, je fume. J’avais arrêté après la première soirée, mais j’ai repris quelques années plus tard. Le bédo ? Oui, j’en fume aussi. La cocaïne ? Non ! Je n’y ai pas retouché. L’alcool ? En faible quantité généralement, (il est rare que je me mette une race) et uniquement dans les soirées.

 

Il faut être franc, l’histoire avec le beau brun, ca n’est pas une partie de plaisir. Et là, Will’ arrive sur son cheval blanc ! Le hic, c’est l’avis des parents : « Ce mec c’est un junky. Si tu choisis de sortir avec lui, tu peux oublier mettre un pied à la maison. » Sitôt dit, sitôt fait ! J’prépare des affaires, j’lui téléphone : « Viens me chercher ! » une demi-heure plus tard il sonne à la porte, 31 minutes plus tard, j’l’embrasse, 32 minutes plus tard, je me casse. Personne ne m’imposera mes choix !

 

J’arrive chez Will’, un squat organisé dans une maison à l’abandon : le cim’. On m’accueille chaleureusement, la seule chose qu’on me demande, c’est, moi aussi, de mettre la main à la pâte et d’essayer de rapporter un peu de sous pour acheter à manger…etc. Le cim’ est vachement bien situé : à mi-chemin entre le bahut et la rue piétonne ! Et voilà, avec un des autres Junky, on rapportera les sous en faisant la manche !

 

Ce squat’ c’est le paradis des drogues ! Tout y passe. On me propose toujours de me défoncer avec eux. Je dis souvent non. Mais les jours passent, les mois passent, et je finis par accepter, on me sort un carton, remplis par des champis. J’adore leur effet, on me propose du LSD. Ca c’est le pied ! Puis, on me passe une paille. C’est parti ! Un cacheton. Glop ! Une seringue…

 

Là, ma plus grosse galère. L’héro, une belle merde ! Premier taquet : se piquer est un enfer ! Mes veines roulent, mais ca, je le savais pas avant d’essayer : « Ben alors ? Tu fais quoi ? T’y arrive à te piquer ? » Les moqueries amicale fusent, alors que pendant un quart d’heure, j’essaie de rentrer cette seringue dans ma veine. Au final, on me le fait, Will’ me le fait. Lui aussi galère un peu avec ma veine, mais, pro de la seringue, il y arrive.

 

Mon trip, le plus « beau » de tous, une beauté que même avec les autres taquets, je n’arriverais jamais à retrouver. Ce qui me lancera dans une « course » au trip ! J’veux retrouver la beauté de la flamme, qui danse, qui résiste au vent, se couchant, puis se relevant toujours ! Mais je n’y arrive pas. J’enchaine. Chaque prod’ qui passe à la maison, j’y goute ! Les dépendances s’installent peu à peu. Pour la cocaïne, mais SURTOUT, pour l’héro’.

12 novembre 2008

5 - Bad Taste

Je replonge dans ma solitude, Seb’ déménage en Bretagne. Il parait que c’est beau Rennes ! Et qu’il y a du boulot ! C’est ce qu’il me dit dans ses SMS/appels. Mais cette correspondance ne dure qu’un temps, et on finit par se perdre de vue. Vu sa force, il est passé au dessus, il a géré sa vie magnifiquement.

 

Moi je dérive, je vais ou je peux, je fais ce que je peux. Et un jour, je rencontre un beau brun. Un coup de foudre ! Je donnerais tout pour l’avoir ! Il s’en rend compte. J’ai 16 ans et demi, il en a 20. Et un soir, on finit ensemble. Tout va vite. Et je découvre petit à petit des facettes de sa personnalité dont je me serais bien passée. Mais je l’aime. Du moins, je crois l’aimer. Donc, j’accepte tous ses défauts. Qu’importe si je me reçois des baffes s’il est contrarié… Il va pas bien, faut qu’il se défoule. J’suis là pour le soutenir, pour l’aider à évacuer ses peines, c’est aussi ca on rôle non ? Et qu’importe si j’ai pas toujours envie de coucher quand il le veut. J’suis aussi la pour ses envies non ?

 

Mais, plus les mois passent, plus je me rends compte que je me fais manipuler. J’ouvre les yeux, lentement mais surement. Quand je n’ai pas envie, je refuse. « Ah ouais tu ne veux pas ? Et pourquoi ? Tu me trompes hein ! J’t’ai vu regardé les autres mecs ! J’ai vu comment tu rigoles avec certains… T’es qu’une salope ! » Généralement, ses propos sont crus et accompagné de gifles. Les pleurs les accompagnent souvent. « Et tu crois quoi ? Si j’ai pas ce que je veux, il suffit que j’aille voir ailleurs. Que je m’en trouve une autre. Et toi, tu seras comme une conne ! T’es rien sans moi ! » Là, toujours, je me résigne. Il obtient ce qu’il veut. Et moi, je ne dit rien, je pleure en silence. Puis je file à la salle de bain. Je m’assois, et je pleure, toujours plus. Je suis une salope !

 

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10 novembre 2008

4 - The Bend

A 19 ans, on pense plus à baiser, à 14, on rêve encore du prince charmant. Voilà pourquoi la relation était vouée à l'échec. Après avoir résisté pendant plus d'un mois, je lui ai laissé avoir ce qu'il voulait, et il est parti... Il a tiré son coup, et il a disparu. Il m'avait sorti tellement de belles paroles, pour arriver à ses faims. Tellement de belles phrases que j'ai finies par croire. Je me suis, une fois de plus, laissée manipuler.

 

C'est désormais mon tour de jouer avec les mecs. J'enchaine, dès ce jeune âge, les relations courtes, d'un soir. Plus aucune soirée ne se finit sans un verre dans une main, et un mec dans l'autre... Mais JE décide. Je m'amuse. Tiens, lui aura ce qu'il veut ce soir. Tiens, lui ne l'aura pas demain. Je joue ma salope; mais le groupe d'ami proche que j'ai savent tirer les ficelles quand ils voient que ca va trop loin.

 

Un soir -une de ses soirées pépères à moins d'une dizaine, seulement le groupe- de 31 décembre, on fête gentiment le jour de l'an ensemble, chez Samy. Mais, ses parents rentrant plus tôt que prévu, on change de lieu pour éviter de les déranger. Tous direction chez Seb'. Deux voitures a dispo: Celle de Samy et celle de Seb'. Apres un changement d'avis, je monte, non pas avec Samy, mais avec Seb', et nous partons devant. La route passe, tranquillement, mais au bout de plusieurs kilomètres: "Mais ou sont passés leurs phares?" On finit par s'inquiéter, et faire demi-tour. Je sens une boule au ventre, gonfler plus l'on s'approche de l'horreur. On finit par voir à l'horizon, en bas de la côte des phares immobiles. Plus on s'approche, plus la peur grandit. C'est la merde!

 

Un virage raté, un poteau effondré, du sang sur le pare-brise fêlé, une carcasse de voiture qui n'y ressemble plus. Un scénario de film, mais c'est bien réel. Non, je dois rêver, je vais me réveiller. Seb' est au telephone. Appelant les secours, tandis que moi, je suis là, à genou, au sol, en pleurant et hurlant: "Réveille-toi!"

 

Chaque seconde passée devant la carcasse parait une éternité. Chaque minute de plus m'éloigne du rêve d'être en plein cauchemar. Seb' m'a rejoint, me serrant dans ses bras, recroquevillé sur moi. Les secours arrivent, et il me conduit a l'écart, de manière a ne pas assister à la scène, à ne pas voir leur corps inanimés, couvert de sang.

 

Tous les cinq sont conduits à l'hôpital. Aucun n'en ressortira. J'ai perdu cinqu de mes meilleurs amis. Il n'en reste qu'un, qu'une seule personne en qui j'ai confiance. C'est peu! Très peu! Sur le coup, ou en ayant lutté contre le coma, tous ont perdu.

 

J'aurais du! J'aurais du y rester dans c'te putain de voiture! J'en aurais sauvé un! J'ai pris une de leur vie! L'un d'eux devrait être ici, et moi, j' devrais être là-bas!

10 novembre 2008

3 - Raise your head

Deux ans ont passés. Deux à essayer d’oublier. Mais oublierais-je un jour ? Ce genre d’événement ne s’oublie pas, il se subit. Ma solitude journalière en découle directement. L’être humain, ne m’inspire plus confiance, et la seule personne qui m’ « ecoute » est le psy chez lequel ma mère me force à aller : « T’as quelque chose qui va pas ! Tu t’enfermes sur toi-même, et tu ne veux pas nous en parler. Quand on tente d’aborder une discussion, tu te met a devenir violente. Si tu ne veux pas nous en parler, tu en parleras a un psy ! » Chaque fois, c’est la même chose. J’entre, et je lui dit ce qu’il veut entendre. « C’est une banale crise d’adolescence Madame ! » concluent ils tous apres plusieurs séances. Mais elle, elle s’obstine ! IMBECILE !


Deux ans… Peut-etre était-ce assez non ? Pourquoi m’infligeais-je une telle solitude ? Que c’était il passé finalement ? Pas grand-chose… Quelques choses qui se serait passé plus tard, avec quelqu’un d’autre, mais qui, de toute facon, m’aurait tout autant pris pour une conne.


Je commence alors un periple dans ma réintégration dans les bandes de jeunes. Je ressors en soirée, au ciné, entre potes. Tous plus vieux que moi désormais. Aucun de mon âge. Je ne m’entends plus avec. Et ce soir, il y a une soirée de prévue chez Seb’ !


J’arrive… SURPRISE ! Qui ouvre la pote ? XAVIER ! Le charmant briseur de vie. Je fais un pas en arrière. Lui aussi. « C’est… C’est toi ? » J’dois contenir, j’peux le faire ! Allez, un p’tit sourire. Gache pas ta soirée ! « Oui, c’est moi » dis-je sechement avant d’entrer, avec un sourire faux et forcé. J’evite de m’approcher dans un perimètre de securité imaginaire de Xavier.


Mais, la tentation, le besoin de reponse ? Le fait est qu’il finira par penetrer mon périmètre. « Pourquoi tu t’es barrée comme ca ya deux ans ? J’ai fait quoi ? J’t’appreciais vraiment moi ! » On se met a discuter… Pendant des heures… Dans devant la porte des chiottes… Et la discussion se termine, dans les bras l’un de l’autre, par un baiser. Tout redeviendrais-t-il comme avant ?

10 novembre 2008

2 - Je me suis faite baisée!

J’me suis faite baisée ! Je sais plus quoi en penser ! J’sais plus à qui en parler ! J’sais plus vers qui me tourner ! Je sais plus…

 


J’erre depuis quelques heures dans les rues. Les larmes aux yeux, le mal au crane, mais pas seulement, à l’âme aussi. Je me sens salie. Je me sens seule. Je ne me reconnais plus. Le mal être commence à s’installer. Je dois en parler ! A qui ? Cécile était là ! C’est elle pourra le plus comprendre… Peut-être.

 


La chambre qui avait hébergée tellement de confidence ne m’inspirait plus confiance. Tout comme la personne qui se tenait face à moi. La maigrichonne petite brune à lunettes n’était plus aussi proche de moi qu’elle l’était auparavant. Qu’est-ce qui c’est passé a c’te putain de soirée ? Elle ne me décroche pas un mot, pas un sourire. Je résume la situation. Elle semble tellement distante, tellement peu concernée, tellement pleine de rancœur. Je ne sais plus quoi faire, continuer mon histoire, ou simplement m’en aller, tourner le dos, et régler ca en solitaire ?

 


Je me lève. J’avance vers la porte. C’est pas le bon choix ! Je fais plusieurs de ces allers-retours, continuant mon récit, les larmes aux yeux. La honte, au fur et à mesure que l’histoire se conte, grandit, encore plus, toujours plus. L’histoire terminée, j’ai droit à un simple mais cinglant : « Tu l’as chauffé toute la soirée ! Tu m’as laissé de coté et envoyé chier quand j’t’ai rappelé… T’étonne pas ! » J’l’avais chauffé toute la soirée ? J’étais consentante ? J’ai pas dit non ?

 


Le moral en prend un coup de plus. Je suis une salope ! Je sors, en sanglot, et recommence ma marche solitaire dans les rues. Personne ne remarque une personne qui pleure, il suffit de le faire en silence.

9 novembre 2008

1 - Halloween party.

Tout commence un soir d’octobre, alors que j’allais de fêter mon douzième anniversaire. Douze années passées sans trop de frasques. La vie avait suivi son cours. Et j’n’avais pas fait de vagues. Jamais une goutte d’alcool n’avait remplis mon verre, jamais une cigarette n’avait été portée à ma bouche. J’étais un ange, une petite fille modèle, dédiée à mes études. Je voulais être vétérinaire. Et rien ne laissait présager que je n’étais pas capable d’arriver à mes faims.

 


 

Mais ce 31 octobre, alors que d’autres jeunes sonnent aux portes en demandant des bonbons, on m’invite à une soirée. Enfin, c’était plus par obligation. Cécile m’avait invitée. Mais, sa sœur, plus vieille de plusieurs années, voulant fêter Halloween avec ses amis mais devant pourtant nous garder, chamboula notre programme, nous invitant par la même occasion a cette soirée.

 


 

« Les filles, j’vous prends, mais me foutez pas la honte! Faites vous discrète, jouez pas les ringardes… » Mélanie avait lourdement insisté : Nous devions être cool !

 


 

C’était ma première VRAIE soirée. Pas celles ou on reste assis a mater un film. Pas celle en petit comité. Pas
celle où on sert du jus d’orange accompagné de cookies. NON ! Cette fois ci, c’était une vraie soirée ! Des gens « cool » plus vieux que moi… Qui ne me connaissait pas… De la bière, de la vodka, et plein d’autres bouteilles d’alcool, des gobelets vides et des pizzas trainant par ci par là… De la musique qui hurlaient… Des jeunes devant la Playstation… Alternant jeux de combats, et de courses… A peine avais-je posé le premier pied que j’comprenais tout ce que j’avais raté ! Tous ces gens étaient si « cool ». Il ne me laisserait pas les approcher s’ils savaient mon âge. Je ne devais pas répondre à cette question. Je devais à tout prix l’éviter !

 


 

« Tiens, on se connait ? » C’est à moi qu’il parlait ? Ma foi, oui… C’est à moi qu’il tend le verre. Cécile, à côté, me regarde, d’un air surpris prendre le verre et répondre « Non, non, on se connait pas… J’suis venue avec Mélanie. » Qu’est-ce qui était dans mon verre ? De l’eau ? Je bois le verre cul-sec. « Ouarch, ca arrache la tronche ce truc ! C’était pas de l’eau ! »

 


 

« - Bon, ben, on essaie de s’incruster p’t’etre non ? » dis-je mon verre vide à la main.
« - Avant, j’veux qu’on se promette de faire gaffe l’une à l’autre. »
« - T’inquiètes pas. Ils sont cool ! On n’a rien à craindre ! Mais oui, si tu veux, on veillera l’une sur l’autre. On fera pas de conneries comme ca. »

 


 

J’me dirige vers le canapé, plein de ces ados bondissant à chaque coup porté par l’adversaire virtuel. Plus aucune place ? Pas grave, je m’assis par terre, comme deux ou trois autres jeunes. On me tend la manette. « Pourquoi pas ? » La défaite est cuisante. Mais on me propose une deuxième partie -la première ayant été très courte- . Même résultat. La manette fait encore plusieurs tours. Cécile reste assise sur l’accoudoir d’un fauteuil, en donnant l’impression de s’ennuyer. Elle ne voulait pas boire. Pas d’alcool ! Elle était timide, et préférait rester dans son coin.

 


 

Plus tard, on en vint à me tendre une cigarette. Une roulée plutôt. J’dois faire quoi ? Accepter ? Refuser ? Quelques taff dessus, ca ne me ferait pas de mal, et ca me permettrait de rester parmi les « cool » et de bien parler. J’aime cette soirée, je ne veux pas finir exclue juste pour quelques lattes sur une clope ! Je l’attrape, l’amène a mes lèvres et aspire. Une drôle de sensation dans mes poumons, une légère envie de tousser que je retins. « Woooow ! Cowboy ! Pas si forte les lattes ! Il est chargé ce oinj’ » Oinj’ ? Joint ? Je viens de fumer un joint ? Cooool ! C’est bon, j’suis des leurs ! J’tire encore quelque lattes, et j’le passe ! La soirée continue. J’me sens bien avec ce que je viens de fumer. J’oublie Cécile, toujours là sur l’accoudoir, ne sachant pas quoi faire. Tout ce qu’on me tend, je prends. Alcool, joint, cigarette, tout y passe.

 


 

Puis, il commence à faire chaud… Si j’allais me passer un coup d’eau sur le visage. J’cherche la salle de bain. J’entre, et tombe nez à nez avec Mélanie, et deux jeunes hommes. Un tube à la main, et de la poudre blanche sur la machine à laver. C’est quoi ? Ce n’est pas… si… c’est ca. Mélanie enfile un rail, puis un deuxième, me regarde et me tends la paille. « Tu veux essayer ? » Je sais pas. J’hésite. Ils ont l’air vraiment bien dans cet état. Mais… Ce n’est certainement pas une bonne idée. « C’est pas si dangereux qu’on tente de le faire croire ! Tu trouves que j’ai l’air en danger la ? » Elle n’a pas tort. Elle n’a pas l’air en danger. Bien au contraire. Elle donne l’impression, comme toujours, d’être au dessus de tout.

 


 

Sniiiiiiiiif. Voila, tout était dedans ! L’impression désagréable de brulure dans mon nez se dissipa vite, très vite, aidée par un nième verre de vodka. Mais l’impression de brûlure n’était pas la seule à s’effacer. J’perdais, peu à peu, conscience de ce que je faisais. De retour près du groupe de « gamers », j’m’assois, ou plutôt, me colle à un des mecs avec qui j’m’entendais finalement très bien ! On sympathise, se rapproche, et…

 


 

Lendemain matin. Ma tête me fait un mal de chien. J’me réveille doucement, et m’aperçois, en ouvrant les yeux, que je ne connais pas cette chambre. Qu’est-ce que j’fous la ? Pourquoi j’suis à poil ? Là, des lèvres se pose contre mon épaule et y dépose un baiser. « Bonne soirée hier hein ! » Il ne me faut qu’un quart de seconde pour calculer ce qui s’est passé, me remémorer ce que je peux de la soirée… J’attrape les fringues que je peux attraper, sors en courant, tout en essayant d’enfiler un minimum de vêtement, m’arrête pour vomir dans les toilettes, et atterris sur le trottoir en pleurs, ne sachant ni quoi faire, ni où aller.

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