4 - The Bend
A 19 ans, on
pense plus à baiser, à 14, on rêve encore du prince charmant. Voilà pourquoi la
relation était vouée à l'échec. Après avoir résisté pendant plus d'un mois, je
lui ai laissé avoir ce qu'il voulait, et il est parti... Il a tiré son coup, et
il a disparu. Il m'avait sorti tellement de belles paroles, pour arriver à ses
faims. Tellement de belles phrases que j'ai finies par croire. Je me suis, une fois de plus, laissée
manipuler.
C'est désormais
mon tour de jouer avec les mecs. J'enchaine, dès ce jeune âge, les relations
courtes, d'un soir. Plus aucune soirée ne se finit sans un verre dans une main,
et un mec dans l'autre... Mais JE décide. Je m'amuse. Tiens, lui aura ce qu'il veut ce soir. Tiens, lui ne l'aura pas demain.
Je joue ma salope; mais le groupe d'ami proche que j'ai savent tirer les
ficelles quand ils voient que ca va trop loin.
Un soir -une de
ses soirées pépères à moins d'une dizaine, seulement le groupe- de 31 décembre,
on fête gentiment le jour de l'an ensemble, chez Samy. Mais, ses parents
rentrant plus tôt que prévu, on change de lieu pour éviter de les déranger.
Tous direction chez Seb'. Deux voitures a dispo: Celle de Samy et celle de
Seb'. Apres un changement d'avis, je monte, non pas avec Samy, mais avec Seb',
et nous partons devant. La route passe, tranquillement, mais au bout de
plusieurs kilomètres: "Mais ou sont passés leurs phares?" On finit
par s'inquiéter, et faire demi-tour. Je sens une boule au ventre, gonfler plus
l'on s'approche de l'horreur. On finit par voir à l'horizon, en bas de la côte
des phares immobiles. Plus on s'approche, plus la peur grandit. C'est la merde!
Un virage raté, un poteau effondré, du sang sur le
pare-brise fêlé, une carcasse de voiture qui n'y ressemble plus. Un scénario de
film, mais c'est bien réel. Non, je dois rêver, je vais me réveiller. Seb' est au telephone. Appelant les secours, tandis que moi, je suis
là, à genou, au sol, en pleurant et hurlant: "Réveille-toi!"
Chaque seconde
passée devant la carcasse parait une éternité. Chaque minute de plus m'éloigne
du rêve d'être en plein cauchemar. Seb' m'a rejoint, me serrant dans ses bras,
recroquevillé sur moi. Les secours arrivent, et il me conduit a l'écart, de
manière a ne pas assister à la scène, à ne pas voir leur corps inanimés, couvert
de sang.
Tous les cinq
sont conduits à l'hôpital. Aucun n'en ressortira. J'ai perdu cinqu de mes meilleurs amis. Il n'en reste qu'un, qu'une
seule personne en qui j'ai confiance. C'est peu! Très peu! Sur le coup, ou
en ayant lutté contre le coma, tous ont perdu.
J'aurais du! J'aurais du y rester dans c'te putain de
voiture! J'en aurais sauvé un! J'ai pris une de leur vie! L'un d'eux devrait être
ici, et moi, j' devrais être là-bas!